L’histoire de la politique montre une évolution constante des systèmes de gouvernance, influencée par les changements sociaux, économiques et technologiques. En remontant à l’époque d’Aristote ou de Socrate, les penseurs grecs examinaient déjà la dynamique des différentes formes de gouvernement : aristocratie, oligarchie, tyrannie, monarchie, pour en arriver à la démocratie. Aujourd’hui, nous vivons encore sous le modèle démocratique, mais ce système pourrait bien être à la fin de son cycle, ouvrant la voie à un changement majeur. En effet, un modèle politique fondé sur les compétences et la sagesse collective pourrait émerger, un « conseil des sages » capable de guider l’humanité vers un avenir plus durable et cohérent.
De la monarchie à la démocratie : le navire de l’équipage sans capitaine
Imaginons la société comme un grand navire en pleine mer, avec un équipage à bord. En monarchie, ce navire est dirigé par un capitaine compétent, maître de la navigation, capable de lire les cartes et de conduire l’équipage vers une destination claire. Ce capitaine symbolise le monarque, garant de la stabilité et de la continuité. Mais la transition vers la démocratie a opéré un renversement de ce modèle : l’équipage a pris le contrôle en renversant le capitaine, laissant la place à une gouvernance collective.
Toutefois, très vite, l’équipage réalise son incapacité à diriger le navire de manière efficace et décide d’élire un nouveau capitaine. En démocratie, cette élection se fait sur la base de la persuasion et de l’éloquence, et non sur les compétences en navigation. Ce capitaine démocratique n’est plus choisi pour sa vision, mais pour sa capacité à séduire l’équipage, souvent en lui promettant confort et complaisance plutôt qu’un cap précis et des solutions concrètes.
La démocratie face à ses limites : une vision à court terme
Ainsi, dans une démocratie moderne, les dirigeants sont élus pour des mandats courts, avec pour objectif principal de se faire réélire. Ce cycle électoral encourage les élus à privilégier des mesures populistes à court terme, plutôt qu’une vision cohérente et durable pour le pays, représenté par le navire et son équipage. Aujourd’hui, cette démocratie apparaît comme un modèle à bout de souffle, incapable de répondre aux défis mondiaux de plus en plus complexes et interconnectés.
L’émergence d’un nouveau modèle : le conseil des sages
À la fin de ce cycle démocratique, un nouveau modèle politique semble se profiler : celui d’un conseil de sages, où les compétences et la vision long terme remplacent la recherche de popularité. Plutôt que de confier la gouvernance à un individu charismatique mais parfois incompétent, ce modèle reposerait sur une direction collégiale, un groupe de sages au mandat long, dévoué à l’intérêt collectif et à la pérennité de la société.
Dans ce système, chaque membre du conseil est respecté pour sa compétence spécifique et sa contribution complémentaire, permettant une gestion plus équilibrée et éclairée du navire. Ce conseil pourrait fonctionner à différentes échelles – nationale, régionale, et même mondiale – car les défis à venir, notamment l’intelligence artificielle, la robotique, et le changement climatique, nécessitent une gouvernance mondiale.
Le rôle des nouvelles organisations internationales et de la conscience collective
Les enjeux de demain, tels que l’automatisation accrue, les impacts de l’intelligence artificielle sur le marché de l’emploi, et les questions écologiques mondiales, appellent à une gouvernance qui dépasse les frontières nationales. Un conseil de sages mondial pourrait progressivement remplacer des institutions comme l’ONU ou la Banque mondiale, intégrant des dimensions spirituelles et philosophiques pour soutenir le développement mental, émotionnel et spirituel de l’humanité.
Ce modèle favoriserait l’émergence d’une conscience collective, où l’objectif ne serait plus simplement la croissance matérielle, mais l’épanouissement humain. La gouvernance de demain devrait, en plus de gérer les crises, encourager chaque individu à s’interroger sur son existence, son rôle sur Terre, et sa contribution au bien-être collectif.
Conclusion : vers une gouvernance éclairée et une humanité éveillée
Dans cette vision politique renouvelée, le pouvoir revient à ceux qui possèdent non seulement des compétences, mais aussi une sagesse profonde et une compréhension des enjeux mondiaux. Ce conseil de sages pourrait guider l’humanité vers un avenir où les besoins matériels et spirituels sont équilibrés, et où la complémentarité entre les individus devient la véritable force de la société.
Nous nous tenons peut-être aux portes d’un nouveau modèle de gouvernance, qui, loin de rejeter les acquis démocratiques, en corrige les défauts pour construire un avenir fondé sur la compétence, la sagesse, et une vision à long terme pour le bien de l’humanité entière.