René Guénon affirme que, malgré les obstacles, la vérité est inébranlable. Il s’appuie sur la devise d’une ancienne confrérie initiatique occidentale du Moyen Âge, souvent résumée par la locution latine “vincit omnia veritas” (“la vérité vainc tout”), illustrant ainsi l’idée que la vérité triomphe toujours. Ce principe véhicule un message profondément positif, affirmant que la matérialité prédominante dans le monde moderne trouve son sens uniquement lorsqu’un cycle civilisationnel atteint son point de saturation, après avoir épuisé toutes ses potentialités inférieures.
À cet instant critique, ce que Guénon décrit comme “la grande muraille” cède face à des influences délétères qui commencent à se répandre dans notre monde. Nous vivons ce moment de basculement en 2023, marqué par la dissémination de forces contraires à l’esprit traditionnel.
Guénon développe sa pensée en examinant la doctrine des cycles et des quatre âges : l’âge d’or, l’âge d’argent, l’âge d’airain, et l’âge de fer. Selon lui, nous sommes à la fin de l’âge de fer, une période dominée par les influences les plus néfastes et anti-traditionnelles. Il distingue la tradition, qui élève de l’humain au divin, de la contre-tradition, qui, par déviation et subversion, marque le triomphe de l’individualisme et de la matérialité.
La contre-initiation, antithèse de l’initiation traditionnelle, promeut un renversement des valeurs spirituelles. Cette inversion s’ancrant dans l’individu, privilégie l’humain au détriment du divin, mêlant ainsi indûment le psychique et le spirituel. La tradition, quant à elle, cherche à transcender l’humain pour réintégrer le divin, illustrant la distinction fondamentale entre l’âme (psychisme) et l’esprit.
Le symbole du grain de sénevé, emprunté au christianisme, incarne cette aspiration à la croissance spirituelle. Comme la plus petite des graines capable de devenir la plus grande des plantes, ce symbole rappelle que la foi, même minime, peut engendrer un impact monumental. Le Coran renforce cette métaphore en enseignant que la vie humaine commence véritablement au souffle de l’esprit, assimilé à une graine en nous.
La reconnaissance et l’embrassement de cette “graine” spirituelle sont cruciaux pour l’évolution de l’être humain vers des états supérieurs de conscience. En acceptant et en comprenant la nature de l’esprit en nous, nous transcendons notre condition humaine pour atteindre un plan d’existence plus élevé, où l’homme devient plus spirituel que matériel.