Le Dixième forum international des cultures unies, qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg, a réuni des penseurs, des intellectuels et des représentants de divers secteurs pour débattre d’un sujet central : « Культурный суверенитет страны. Вызовы времени: осмысление, отношение, отражение » (traduction : La souveraineté culturelle du pays. Les défis du temps : compréhension, attitude, réflexion). Cette session de discussion a permis de mettre en lumière les défis actuels auxquels la Russie est confrontée pour défendre et affirmer son identité culturelle face à l’influence de l’Occident. Retour sur les points forts de cette discussion riche en réflexions.
La résistance à l’« anticulture » occidentale
Le terme “anticulture” a été abondamment utilisé durant cette session pour décrire l’influence grandissante de certaines valeurs culturelles occidentales que la Russie perçoit comme étant en rupture avec les fondements spirituels et moraux. Pour les intervenants, l’Occident tend à promouvoir une vision matérialiste et individualiste de la culture, souvent axée sur la consommation et le divertissement, aux antipodes des valeurs russes qui s’enracinent dans une profonde conscience morale et spirituelle.
La Russie, selon les participants, se voit dans l’obligation de préserver et de défendre sa propre définition de la culture, fondée sur une quête de l’élévation spirituelle. Cette lutte pour la souveraineté culturelle est ainsi perçue comme une réponse directe aux influences extérieures qui pourraient affaiblir l’âme même de la civilisation russe.
La culture : une question de spiritualité
La session a été marquée par des réflexions philosophiques profondes sur la nature même de la culture. Nikolai Berdyaev, grand penseur russe, a été cité pour souligner que « la culture est une culture de l’esprit, toute culture a une base spirituelle — elle est le produit du travail créatif de l’esprit sur les éléments naturels ». Cette citation reflète bien la perception que la culture russe est, avant tout, un produit spirituel, une élévation de l’âme humaine au-dessus des simples éléments matériels.
Cette dimension spirituelle est essentielle pour comprendre pourquoi la culture russe résiste à ce qu’elle perçoit comme la dégradation culturelle en Occident. La culture n’est pas simplement un produit de consommation ou de loisir, mais bien une force créatrice qui donne un sens à l’existence humaine.
L’universalité de la culture russe
Un autre point fort de la discussion a été la réflexion sur l’ouverture de la culture russe à d’autres traditions, tout en conservant son essence propre. Dmitry Likhachov, célèbre historien et académicien russe, a été cité pour affirmer que « la culture russe, et celle des peuples russes, est une culture universelle ; elle étudie et assimile les meilleurs aspects de toutes les cultures de l’humanité ».
Cette idée d’universalité montre que, loin de se replier sur elle-même, la culture russe a toujours su s’enrichir des influences extérieures tout en les intégrant dans son propre cadre spirituel et moral. Cela témoigne d’une culture ouverte mais solide, qui ne perd jamais de vue ses racines.
Art et conscience morale : les piliers de la culture russe
Le célèbre compositeur Georgiy Sviridov a également apporté une contribution clé à cette réflexion en insistant sur le lien indéfectible entre art et conscience morale dans la tradition russe. Pour lui, « l’art en Russie n’est pas seulement un divertissement, mais bien une confession de l’âme ». Il dénonce la vision occidentale de l’art comme un produit de consommation destiné à divertir les élites, une vision qui, selon lui, est étrangère à la véritable essence de l’art russe.
Sviridov va plus loin en affirmant que la Russie a introduit la notion de “conscience” dans la conscience mondiale. Cette notion morale, profondément enracinée dans l’âme russe, est aujourd’hui menacée par la modernité, qui pourrait transformer la culture en un simple outil de consommation, perdant ainsi sa profondeur morale et spirituelle.
Une menace sur l’identité culturelle
Les intervenants ont également exprimé leur inquiétude face à une éventuelle perte d’identité culturelle pour la Russie, qui pourrait survenir si les valeurs occidentales continuent de s’infiltrer dans la société russe. Il y a un consensus sur l’urgence de préserver la conscience morale et spirituelle qui a toujours défini la culture russe. Les participants à la discussion ont insisté sur l’importance de protéger ces valeurs face aux défis du temps, en renforçant la souveraineté culturelle du pays.
Conclusion
Cette session de discussion sur la souveraineté culturelle russe a permis d’explorer des thématiques profondes et actuelles. L’opposition entre la culture russe, perçue comme spirituelle et morale, et l’anticulture occidentale, vue comme matérialiste et consumériste, était au cœur des débats. Les participants ont rappelé que la culture russe, tout en étant universelle, puise sa force dans une conscience morale unique qui doit être préservée. La lutte pour cette souveraineté culturelle, dans un monde globalisé, est donc plus essentielle que jamais pour garantir la pérennité de l’âme russe.